Cette enquête révèle une baisse significative des taux de malnutrition aigue par rapport aux
données de l’enquête nutritionnelle de mars 2008. La situation est quasi identique à celle de la
période de post récolte de décembre 2006 (MS-UNICEF, 2006).
Les données de cette enquête confirment bien le caractère saisonnier de la malnutrition aiguë en
Mauritanie. Les niveaux observés sont proches de ceux de décembre 2006 durant la période de
post récolte. Après la période post-récolte, la prévalence de la malnutrition aiguë remonte
rapidement en période de fin des récoltes entraînant ainsi la précocité de la période de soudure et
surtout et sa longueur dans le temps (mars-septembre au lieu de juin-septembre).
Au niveau national, la prévalence de la malnutrition aiguë globale (wasting et/ou oedème) est
de 8,6% et celle sévère est de 0,6% avec une différentiation zonale très marquée. Les taux les
plus élevés sont rencontrés respectivement dans la zone du sud et la zone du centre. Les fortes
prévalences de la zone du sud, du Centre et parfois du Sud Est ont été observées pendant toutes
l’année en dépit de la concentration des efforts du gouvernement et de ses partenaires dans ces
régions. Les prévalences de la malnutrition aiguë durant la période de l’année de bonne
pluviométrie la plus favorable sont supérieure à 10%, donc dépassant ainsi le seuil d’alerte de
défini par l’OMS. Cette zone du sud, de production de céréalières en Mauritanie, est
paradoxalement la plus touchée avec des prévalences élevées quelque soit l’année et la saison.
Une des explications possible de cette situation est peut être la prédominance des mauvaises
pratiques d’allaitement maternel. En effet la région du Sud enregistre la plus faible prévalence de
l’allaitement maternel exclusif (10,7% contre une moyenne nationale de 19,0%). L'allaitement au
sein reste la meilleure manière de satisfaire les besoins nutritionnels des nouveau-nés. L'OMS
recommande un allaitement exclusif – c'est à dire une stricte alimentation au lait maternel sans
autre aliment ou boisson (y compris l'eau) – pendant les six premiers mois de la vie d'un enfant.
En effet, un allaitement exclusif limite l'exposition aux pathogènes, réduit les risques d'infection
pour les nourrissons (en particulier les maladies diarrhéiques) et fournit au bébé tous les
nutriments dont il a besoin. L'introduction d'autres liquides dont l'eau, les laits et les bouillies se
produit plus tôt que l'âge recommandé de 6 mois. La prévalence de l’allaitement maternel
exclusif (19,0%) est en augmentation par rapport à l’enquête nationale de Mars 2008 et celle de
l’EDSM 2000/01 et du MICS de juin 2007. Par ailleurs, le pourcentage d’enfants de 6-23 mois
bénéficiant d’un régime alimentaire avec à la fois une diversité et une fréquence des repas
acceptables est très faible (16,7%).
La malnutrition prédominante chronique (stunting) est plutôt lié à la pauvreté et au manque
d’accès à une alimentation régulière diversifiée et apportant tous les nutriments essentiels. Entre
les années 90 et 2008, la prévalence de la malnutrition chronique globale a eu une amélioration
importante avec une baisse d’environs 50%. L’accélération de la baisse de la malnutrition
chronique est plus marquée dans les zones urbaines de Nouakchott et dans la wilaya du Trarza.
Cette baisse est-elle expliquée par le vaste programme d’intervention spécial et les programmes
préventifs et curatifs réguliers de nutrition soutenus par les partenaires ayant entraîné une
amélioration des conditions de vie des familles ou plutôt par l’amélioration de l’estimation des
paramètres comme la mesure de la taille et la détermination de l’âge dans un contexte où l’on ne
dispose de documents d’état civil fiables. La bonne campagne agricole enregistrée en 2008 avec
une année de bonne pluviométrie sans sinistre majeur peut être a contribué à cette baisse de la
malnutrition chronique.
De meme, la qualité des données anthropométriques de ces différentes enquêtes devrait être
rigoureesement étudiée particulièrement l’EDSM. Il est probable que les mauvaises mesures de
la taille et de taille durant cette enquête (EDSM 2000) ont entrainé une sur-estimation de la
prévalence de la malnutrition chronique. La comparaison des conditions d’enquêtes entre 2006 et
mars 2008 n’ont pas montré de différences significatives. Dans la dernière enquête de décembre
SMART 2008, les données contiennent un plus faible nombre des enfants les plus agés liés à leur
absence ou à des erreurs d’interview. Comme le retard de croissance est Presque permanent ou
peu influencé par les saisons, la sous-estimation des enfants les plus agés entraine une réduction
de la prévalence du retard de croissance ou malnutrition chronique. En revanche, la prévalence
de la malnutrition aiguë n’est pas affectée par la sous-estimation dans l’échantillon des enfants
les plus âgés. En effet la malnutrition varie en fonction des saisons et affecte plus les enfants de
12-23 mois.